Présentes sur Terre depuis près de 3 milliards d’années, ces cyanobactéries, dites aussi « algues bleues », participent à l’oxygénation de la planète. Elles peuvent même produire des molécules régulièrement utilisées en santé, souligne le Muséum national d’Histoire naturelle. Mais lorsque l’eau devient trop chaude, trop ensoleillée, et qu’elle est enrichie en nutriments comme le phosphore ou l’azote, issus notamment des engrais agricoles ou des eaux usées, ces bactéries prolifèrent à un rythme accéléré.
Les conditions étaient réunies cet été : des épisodes de sécheresse alternant avec des pluies intenses ont lessivé les sols, apportant des nutriments dans les étendues d’eau. Ces dernières se sont progressivement réchauffées, atteignant parfois 28 °C, à l’instar du lac du Bourget ou de l'étang de Baye. Cette température se situe dans la zone optimale pour que ces micro-organismes se développent rapidement?; les cyanobactéries ont alors pris le dessus sur d’autres formes de vie aquatique, bouleversant l’équilibre écologique.
La complexité vient du fait que ces blooms ne sont pas uniformes. Certains micro-organismes vivent en suspension (cyanobactéries planctoniques), d’autres s’accrochent au fond (benthiques), à l’abri de la lumière ou du courant. Les sécheresses prolongées favorisent particulièrement ces dernières en réduisant les débits, laissant l’eau claire pénétrer jusqu’au fond.
Ce qui rend la situation alarmante, c’est que certaines espèces produisent des cyanotoxines, notamment les microcystines, anatoxines ou saxitoxines. Chez l’humain, elles provoquent nausées, vomissements, vertiges, irritations de la peau, voire symptômes neurologiques sévères. Le risque est accru pour les jeunes enfants, exposés proportionnellement davantage, mais les animaux, notamment les chiens, sont tout aussi vulnérables : des cas de mort par convulsions en dix à quinze minutes ont été signalés. En France, une tragédie a touché un couple, son bébé et leur chien en 2021 près d’une rivière contaminée, bien que les causes exactes restent discutées (L'Est Républicain).
Ce lien entre températures extrêmes et proliférations est un fait établi depuis les années 1990. Cécile Bernard, écotoxicologue du Muséum d'Histoire Naturelle, explique que les cyanobactéries deviennent plus compétitives au-delà de 25 °C, rendant les blooms plus fréquents et intenses. Le phénomène est observé partout : en Suisse, les efflorescences se déclenchent en quelques jours dans les lacs où une surveillance fine est maintenant nécessaire ; au Canada, le lac Érié enregistre depuis une décennie un début plus précoce des blooms et des pics plus durables, attributs du réchauffement climatique.
Face à cette situation croissante, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) insiste sur la réduction des apports de nutriments dans les eaux de surface — engrais, boues, eaux usées, etc. — ainsi que sur la mise en place de pratiques harmonisées de surveillance et de gestion. La fermeture des zones de baignade, comme l'étang de Baye dès juillet 2025 en est une réaction concrète, décidée après que les analyses ont détecté des cyanobactéries toxiques au-delà des seuils d’alerte.
Pour les riverains et les estivants, cela signifie des restrictions plus fréquentes et plus longues. Même lorsque l’eau paraît claire, des toxines peuvent être présentes. Les autorités recommandent d’éviter toute activité aquatique et de surveiller les résultats des analyses, en attendant un retour à une qualité sécurisée.
Un été caniculaire, accompagné de précipitations violentes, nourrit les blooms de cyanobactéries, qui trouvent dans l’eau chaude et les nutriments un terrain favorable à une prolifération massive. Certaines espèces produisent des toxines nocives pour la santé humaine et animale, ce qui rend les fermetures de baignade plus fréquentes. Le réchauffement climatique joue un rôle déterminant, aggravant et prolongeant les épisodes, tandis que les apports anthropiques en nutriments amplifient le phénomène. Définitivement, une vigilance constante et des mesures adaptées sont plus que jamais indispensables.




