Ah, les années 2000. Époque bénie où l'on portait des pantalons taille basse sans ironie, où MSN Messenger était plus sacré que WhatsApp, et où la couronne du divertissement numérique revenait aux logiciels de peer-to-peer. Souviens-toi. Le modem 56k hurlait à la mort pendant que tu téléchargeais In Da Club de 50 Cent en qualité douteuse, probablement renommée « Daft Punk - Wonderwall (Unreleased Track).mp3 ».

LimeWire, ou comment choper des virus en téléchargeant un PDF

LimeWire, c’était un peu comme un buffet à volonté où tous les plats sont étiquetés « gratuit », mais certains te donnent la salmonelle. Tu voulais un épisode de South Park ? Tu te retrouvais avec une pub russe pour des pilules miracles et un trojan qui faisait planter Windows XP dès que tu ouvrais Paint.

Mais qu’importe. Le frisson de taper « Jay-Z + Beyoncé + sexy.mp4 » dans la barre de recherche était plus fort que tout antivirus.

Kazaa : l’anarchie version Windows

Kazaa, c’était le Far West. Zéro règle, 100 % chaos. Tu téléchargeais un fichier de 700 Mo intitulé « Harry Potter 2 », tu te retrouvais avec un enregistrement camrip d’un mariage serbe filmé au caméscope. Et pourtant, tu persistais. Parce que parfois, oui parfois, tu tombais sur le vrai fichier. Et là, c'était Noël avant l'heure.

eMule : lent mais fidèle, comme un poney arthritique

eMule était plus sélectif. Tu ne téléchargais pas un MP3, tu lançais un processus de méditation bouddhiste. D'abord, il fallait prier pour trouver assez de "sources". Ensuite, attendre entre 3 jours et une semaine pour que l’album de Nirvana se télécharge… à condition de ne pas avoir coupé Internet entre-temps. Ou que ta mère ne décroche pas le téléphone fixe.

Mais le système de « crédits » récompensait la patience. Plus tu partageais, plus tu pouvais recevoir. Une morale que même le Père Noël valide.

Les dangers du .exe déguisé

À cette époque, tout le monde a cliqué, au moins une fois, sur un fichier « Shakira_Live.exe » avec espoir et naïveté. Spoiler : ce n’était jamais Shakira. Mais une fois que tu avais accepté que ton ordi allait ressembler à un sapin de Noël infesté de pop-ups, tu faisais juste avec. Et tu te disais que tu ferais un formatage dans 6 mois, max. (Spoiler bis : tu ne l’as jamais fait.)

Napster : le grand-père rebelle

Avant tous les autres, il y avait Napster. Légendaire, iconique, poursuivi en justice par Metallica (coucou Lars). C’était le Woodstock du MP3, jusqu’à ce que les majors débarquent avec leurs avocats et ferment le festival. Tristesse éternelle. Mais Napster a montré la voie : « tu veux de la musique ? Prends-la. Dis bonjour à ton virus, et enjoy ».

Et aujourd’hui ?

Aujourd’hui, on paie 9,99€/mois pour avoir tout Spotify, tout propre, tout rapide. Mais au fond, il manque ce petit frisson d’interdit, ce goût de l’illégal, cette joie mêlée d’angoisse quand on entendait cette douce phrase :

« Papa, pourquoi l’ordinateur fait que redémarrer tout seul depuis hier ? »
 
Les logiciels de peer-to-peer au début des années 2000, c'était un peu comme voler des bonbons dans une confiserie où chaque friandise pouvait exploser. Mais c'était beau. C'était intense. Et surtout, c'était gratuit.

RIP LimeWire, Kazaa, eMule. Vous nous avez donné la musique… et les virus. Et franchement, merci pour ça.