Si le taux de chômage au sens du BIT demeure stabilisé autour de 7,5 %, cette apparente stabilité masque une hausse significative du nombre d’inscriptions à France Travail, notamment en catégorie A, où la progression atteint plus de 7 % sur un an.
La Bourgogne–Franche-Comté, longtemps relativement préservée, enregistre elle aussi une dégradation visible. Le troisième trimestre 2025 marque une rupture, avec une hausse générale des inscriptions dans toutes les catégories de demandeurs d’emploi. Le nombre total d’inscrits dans la région progresse sur le trimestre comme sur l’année, confirmant que la tendance nationale se diffuse désormais dans l’ensemble des territoires, y compris ceux qui affichaient jusqu’alors une meilleure résistance.
La Nièvre illustre particulièrement ce retournement. Historiquement, le département présente un niveau de chômage inférieur à la moyenne française, un avantage lié à un tissu économique moins soumis aux variations brutales, et à une population active relativement stable. Mais cette situation favorable s’effrite. Au troisième trimestre 2025, la Nièvre enregistre une augmentation plus rapide du nombre de demandeurs d’emploi que l’ensemble de la région. La progression des inscriptions en catégorie A, qui mesure le chômage sans aucune activité, atteint plus de 7 % sur un an, un rythme supérieur à celui constaté en Bourgogne–Franche-Comté, et dans la moyenne régionale. Plus largement, le nombre total de demandeurs des catégories A, B et C augmente lui aussi sensiblement, ce qui témoigne d’une fragilité croissante du marché du travail local.
Cette dynamique s’explique par plusieurs facteurs complémentaires. D’abord, le volume d’offres d’emploi dans le département diminue, affectant particulièrement les secteurs du commerce, de l’industrie traditionnelle, et des services de proximité. Ensuite, les transitions professionnelles, notamment pour les seniors, les jeunes peu qualifiés, ou les personnes engagées dans une reconversion, se révèlent plus difficiles dans un territoire où la mobilité est parfois contrainte, et où les opportunités restent limitées. Enfin, la structure démographique du département, marquée par un vieillissement de la population active, renforce la sensibilité aux fluctuations économiques.
Si la situation nivernaise demeure encore en-deçà de la moyenne nationale en termes de taux de chômage, le risque d’un rattrapage « par le haut » se dessine désormais clairement. La trajectoire du département, plus dégradée que celle de la région, pourrait rapidement effacer l’avantage relatif qu’il conservait. Pour éviter cet alignement, les prochains mois seront déterminants. Le territoire devra s’appuyer sur une stratégie mêlant attractivité économique, renforcement de la formation, accompagnement des publics fragiles, et soutien aux secteurs en mutation. La Nièvre dispose d’atouts indéniables, un foncier disponible, des savoir-faire industriels encore présents, une qualité de vie reconnue, mais leur mobilisation devra être à la hauteur de la dégradation observée pour inverser la tendance.









