La décision, votée à l’unanimité, permettra d’économiser environ 400 000 euros d’ici la fin du mandat, en 2028. Une somme modeste au regard du budget total du département, plus de 360 millions d’euros, mais qui marque un geste politique fort.

“Quand c’est dur pour les gens, ça doit l’être aussi pour nous, les élus”, explique Fabien Bazin. “On ne peut pas demander des efforts aux agents et aux habitants sans s’en imposer nous-mêmes.”

Un signal plus qu’un levier budgétaire

La baisse d’indemnités touche l’ensemble des élus départementaux : le président, les vice-présidents et les conseillers. Concrètement, les montants mensuels nets s’établissent désormais à environ 3 300 euros pour le président, 1 600 euros pour un vice-président et 1 000 euros pour un conseiller.

Fabien Bazin reconnaît que cette mesure ne transformera pas la situation financière du département. “C’est avant tout un signal, pas une révolution budgétaire”, concède-t-il. Mais dans une période où la crise économique et la défiance envers les élus s’accentuent, il estime que “l’exemplarité a du sens”.

Les économies réalisées seront réaffectées à des politiques publiques jugées prioritaires : la protection de l’enfance, le soutien aux sapeurs-pompiers ou encore l’aide aux personnes âgées et en situation de handicap.
“Nous voulons que chaque euro économisé serve à renforcer la solidarité”, précise-t-il.

L’exemplarité plutôt que le populisme

Certains observateurs ont vu dans cette décision un geste populiste. Fabien Bazin s’en défend.
“Il ne s’agit pas de flatter l’opinion, mais de montrer que nous partageons les efforts. La démocratie a un coût, et il faut rémunérer dignement ceux qui s’y consacrent. Mais ce n’est pas un métier lucratif : c’est un engagement.”

Selon lui, cette démarche n’a rien d’exceptionnel, mais devrait devenir une habitude dans la vie publique. “Nous vivons une période où chaque collectivité compte ses moyens. Ce que nous faisons à la Nièvre, d’autres pourraient le faire sans que cela ne change leur train de vie.”

“Les collectivités tiennent le pays debout”

Le président du Conseil départemental en profite pour rappeler le rôle essentiel des collectivités dans la gestion du quotidien.
“L’État donne des orientations, mais ce sont les départements, les communes et les régions qui assurent la continuité du service public. Nous sommes sur le terrain, au contact des réalités sociales.”

Il en appelle à davantage de confiance et de reconnaissance envers les élus locaux, souvent pris entre la baisse des dotations et la hausse des attentes.
“Il y a dix ans, je n’aurais peut-être pas pris cette décision. Aujourd’hui, c’est devenu une évidence. Être élu, c’est servir, pas se servir.”

Pour Fabien Bazin, le geste de la Nièvre est d’abord une question de cohérence politique et morale. “On parle souvent de crise de confiance envers les élus. La confiance se reconstruit aussi par des actes concrets. Celui-ci en fait partie.”