Un atelier d’écriture devenu aventure musicale
À l’origine d’Astéréotypie, il y a Christophe, éducateur à Bourg-la-Reine, qui lance un atelier d’écriture destiné à de jeunes adultes autistes. Rapidement, les textes prennent une vie nouvelle, mis en musique, rythmés et partagés. Le projet devient un groupe, un collectif où chacun apporte sa voix et son inspiration.
Parmi eux, Stanislas, Yoann, Aurélien, puis Claire, arrivée juste avant le Covid.
« Je croyais que c’était juste un atelier pour écrire tranquillement », sourit Claire. « Et puis je me suis retrouvée à faire des concerts ! »
Une phrase simple, mais qui résume tout, Astéréotypie est né du hasard, du collectif, de la force du mot et du désir de s’exprimer.
Un groupe à part
Astéréotypie n’est pas un simple collectif, c’est une constellation d’âmes, une expérience artistique et humaine. Chacun y parle avec ses mots, sa sensibilité, sa façon d’être au monde. Et ensemble, ils créent une musique qui dépasse les cases. Sur scène comme dans la vie, ils ne trichent pas. Ils existent, pleinement.
Et c’est sans doute pour ça qu’on ressort d’un concert d’Astéréotypie le cœur un peu plus grand. Chez Astéréotypie, tout commence par l’écriture :
« Pour qu’un morceau vive, il faut lui donner beaucoup d’amour, beaucoup de passion », confie Stanislas, slammeur à la voix claire et au regard attentif.
Ses textes parlent de tout et surtout de vie, leur vie, leurs souvenirs : La C5, en hommage à son père, 20 euros, une déclaration d’amour inattendue, ou encore Colère, où il déverse sa rage avec douceur.
« C’est la différence entre nos univers qui nous donne envie de continuer, d’aller toujours plus haut, jusqu’à l’Everest », s’enthousiasme-t-il.
Le mot est juste, chaque texte est un sommet d’émotion, une traversée sincère.
Claire, la poétesse
À ses côtés, Claire apporte une autre couleur, celle de la rêverie, de la féérie, du romantisme assumé.
« Mon animal sacré préféré, c’est la biche », dit-elle avec sérieux.
Elle parle du Puy du Fou, des ballets classiques, de Céline Dion, du Bal des Vampires, autant de mondes qui nourrissent ses textes et ses imaginaires. Sa parole est spontanée, sans filtre, souvent touchante.
« J’ai toujours rêvé de donner du plaisir à tous ces gens », dit-elle avec un sourire.
Sur scène, Claire ne joue pas, elle vit chaque mot. Ses poèmes deviennent presque des contes. Au milieu de cette effervescence poétique, Éric, batteur du groupe, garde le tempo, au propre comme au figuré.
« Aucun concert n’est jamais le même », explique-t-il. « Parfois les textes changent, parfois les rythmes bougent, et c’est ça qui est beau. »
Avec bienveillance et précision, il accompagne les voix, rattrape les décalages, tient la baraque.
« C’est un groupe où il faut être carré, mais aussi accepter que tout déborde », dit-il avec sourire.
Astéréotypie, c’est ça, un chaos organisé, un équilibre fragile entre la rigueur musicale et la liberté totale de la parole.
Une authenticité rare sur scène
Ce qui frappe, chez eux, c’est la sincérité. Pas de pose, pas de stratégie.
« Ce n’est pas un groupe comme les autres, c’est une aventure humaine avant tout. »
Et c’est sans doute ce qui touche le public : la beauté du vrai, la spontanéité du moment. Astéréotypie ne cherche pas à plaire, il cherche à vivre.
« Quand le public vient nous voir, on veut qu’il vienne voir un groupe de musique, pas un “phénomène” », ajoute-t-il.
Mais évidemment, la reconnaissance est là et Stanislas l’assume avec tendresse :
« J’aime quand les gens viennent me féliciter, ça me fait très plaisir. »
La scène comme sommet partagé
Sur scène, chacun trouve sa place. Les morceaux s’alternent, les textes s’entrecroisent. Les musiciens tissent le fil, les voix l’habitent. À la fin, souvent, le public est debout, ému, surpris.
« Le meilleur concert, c’est quand la foule vient nous acclamer à la fin », s’exclame Stanislas, les yeux brillants.
« Un bain de foule, c’est ça le bonheur. »
Et maintenant ?
Après Nevers, le collectif continue sa route. Une tournée 2026 est déjà en préparation, et un nouvel album se dessine à l’horizon 2027.
« Je ne veux pas trop en dire, mais on y pense sérieusement », glisse Éric avec un sourire complice.
Astéréotypie avance, fidèle à lui-même, poétique, libre et joyeusement imprévisible.








