De la scène aux fourneaux : une transition naturelle
Henri Charbonnier n'avait pas toujours rêvé de devenir danseur. Originaire de Bourgogne, il grandit dans une famille modeste de quinze enfants, où la cuisine occupait une place centrale. « Mon père cuisinait énormément. Aujourd'hui, je porte ses tabliers, ses torchons, et je me sens dans la continuité de ce qu'il m'a transmis », confie-t-il. C'est presque par hasard qu'il découvre la danse, à l'adolescence, lors d'un spectacle d'Anne-Marie Renaud à Nevers. « Je ne savais même pas qu'on pouvait en vivre ! », s'amuse-t-il.
Formé à l'Académie Princesse Grace de Monaco, il intègre le monde exigeant du ballet classique, où il côtoie les plus grands noms. « La danse, c'est l'oubli de soi, la discipline, le respect. Des valeurs que j'ai retrouvées plus tard en cuisine, notamment chez Bernard Loiseau », explique-t-il. Une révélation :« Dans les cuisines, comme sur scène, il y a une hiérarchie, un silence respectueux, une quête d'excellence. »
Le Saint Christophe : un restaurant à l'âme d'auberge
Installé dans un bâtiment des années 1930, Le Saint Christophe est bien plus qu'un restaurant. « Ce lieu a une âme », souligne Henri. « Le bar en zinc, les vitres bizotées, les carrelages d'époque... Tout raconte une histoire. » Il a choisi de préserver cette authenticité, jusqu'aux œuvres d'art accrochées aux murs, chinées avec soin.
Sa cuisine ? « Simple, généreuse, avec des produits frais à 80 %. » Les plats mijotés, comme la blanquette de veau ou le bœuf bourguignon, célèbrent les saveurs de l'automne morvandelle : champignons, châtaignes, pommes. « Je veux que les clients se sentent comme à la maison. Même si la tarte n'est pas parfaite, c'est cette imperfection qui la rend humaine », précise-t-il.
Un projet ancré dans le territoire
Henri Charbonnier ne conçoit pas son aventure en solitaire. « Je porte la responsabilité de Cécile et Pauline, mes collaboratrices. Ce n'est pas un projet pour faire de l'argent, mais pour créer du lien. » Il mise sur les produits locaux, travaille avec la boucherie voisine, et envisage des partenariats avec le lycée professionnel de Château-Chinon. « La transmission, c'est essentiel. J'aimerais organiser des ateliers pour les étudiants, leur apprendre l'économie du geste en cuisine, comme en danse. »Le Morvan, terre d'inspiration, est aussi un territoire en mouvement. « Château-Chinon a un potentiel énorme. Entre La Cité des Présents, l'observatoire du ciel, et les nouveaux commerces qui s'ouvrent, tout concorde pour redynamiser la ville. » Henri y voit une opportunité : « L'art et la gastronomie peuvent être des leviers pour les territoires ruraux. »Un conseil pour oser se réinventer ? « Écoutez votre cœur »
À 61 ans, Henri Charbonnier ne regrette rien. « Je me dis parfois : "Qu'est-ce que j'ai fait ? J'étais tranquille avant !" Mais le lendemain, je sais que c'est le bon choix. » Son message à ceux qui hésitent à sauter le pas ? « Soyez prudents, mais si votre cœur vous guide, lancez-vous. La joie de faire prime sur tout. »
Le Saint Christophe
12 Place Saint Christophe 58120 Château-Chinon (Ville)
Ouvert du mardi au samedi midi, et le samedi soir sur réservation :
06 63 74 72 59









